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Grand Raid Réunion 2016

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Message par Thierry Mar 17 Jan 2017 - 23:56

Grand Raid Réunion 2016


C'est une belle revanche sur 2013... Dès le départ, je mesure la différence à chaque point de passage.
Une sortie de Saint Pierre a grandes foulées, en compagnie de Nadia et Xav, à fendre la foule pendant les premiers kilomètres. Je tape dans les mains de tonton, mes parents et Vanessa. Le passage boisé après Domaine Vidot, je ne suis pas trop ralenti comme la fois d'avant et enfin voir le jour se lever quasi arrivé au sommet de la course, Piton Textor, les estimations qu'ont m'a établi ont été bien respectées.

Depuis le départ, j'entends les encouragements qui me parviennent sur mon téléphone, je m'efforce de ne pas les lire au fur et à mesure pour en garder le plaisir au moment où le moral commencera à faiblir.

Je sais que je vais pouvoir souffler un peu en retrouvant ma famille au ravito de Mare à Boue. Ils n'ont pas eu le temps d'arriver au point de rendez-vous tellement il y a de monde à cet endroit. Je les rattrape sur la route bétonnée, et fini tranquillement à leur côté.
Quant à notre couple de tourangeaux, il repart quand je pointe. Ils ont pris un peu d'avance sur moi, pas d'inquiétude, ils ont pour ambition de finir samedi à minuit, tandis que moi je me suis fixé une arrivée le dimanche midi. Je ne me mets pas la pression, je fais ma course en fonction de mes sensations et des barrières horaires. Je n'ai vraiment pas abordé ces premières étapes avec doute.
En revanche, connaissant ma superbe préparation, je craignais pour mon physique, que mes genoux lâchent ou que ma petite entorse à la cheville, faite début septembre, se réveille à la longue.

Mes nuits blanches n'ont pas été simple à gérer, je me suis accordé des petites siestes avant de les affronter, mais il est toujours difficile de lutter. Avant de partir, j'avais à l'esprit que dormir la nuit était une erreur, car on a froid et on ne se repose pas vraiment. Je décide d'adopter cette stratégie lors de la traverser de Mafate.

Ce parcours pour le passage de col, que j'ai déjà fait en 2011, il nous fait descendre jusqu'à la cascade Bras Rouge avant de remonté vers l'entrée de Mafate. Dans mon souvenir, le paysage n'était pas aussi majestueux, la fois d'avant le jour n'était pas levé. J'en prend plein les yeux, c'est un peu la récompense car je sais que ça va être long. Nombreux sont ceux qui s'attardent au ravito installé en bord de route, il faut que le mental soit fort pour se lancer à l'assaut de cette terrible montée du col du Taïbit. Alors je ne reste pas à tergiverser longtemps, je me lance dans plus attendre dans le sentir. Je double quelques personnes qui ne font pas parties de la course mais qui sont ivres mortes, elles empestent l'alcool, je me dis que c'est de l'inconscience de partir dans cet état, je n'ai pas de leçon à donner donc je file. La nuit me prend de court, je me suis accordé un stop pour boire la fameuse tisane ascenseur, et en moins de 2, je suis déjà obligé d'allumer la frontale. L'ascension est redoutable, surtout la nuit lorsqu'on aperçoit les lumières des autres loin devant soi, le froid qui s'installe, le moral dégringole et je n'en vois pas le bout. Je reçois un SMS d'encouragements auquel je répond : "marre de cette montée, pas la forme". La réponse qui suivit me fit sourire: "ce col n'est pas long, il ne fait que 6kms..." ailles !

Enfin, J'atteins Marla, le premier village de ce cirque, à 21h, où il y a toujours une bonne ambiance. Là encore, je recroise mes amis tourangeaux qui repartent après une petite sieste. J'en profite pour me changer et m'équiper pour affronter la nuit, le froid et la pluie. Une tenue jamais testée sur ce genre d'épreuve, j'ai pris un pantalon léger de randonnée.

La suite du parcours était bien gravée dans la tête. Nous l'avions fait en famille en 2013. Ce que je n'ai pas prévu cette nuit là, c'est le vent et la pluie. Je suis bien équipé pour le froid, mais la pluie devant la frontale n'aide pas beaucoup la visibilité. Ma progression n'est déjà pas rapide alors avec ces conditions climatiques je frôle la vitesse de l'escargot sans la maison sur le dos.
Bon nombre de concurrents n'a pas voulu poursuivre l'aventure en entrant dans la seconde étape Mafataise, par ce temps pluvieux. Le sentier scout fait peur, certains passages vertigineux, il faut resté vigilant et en plein milieu de la nuit, c'est difficile.
J'ai une sérieuse envie de dormir depuis Marla, je me dis qu'il faut aussi remonté dans les barrières horaires, alors je remets ce repos à plus tard, en espérant trouvé un coin à Ilet à Bourse. Là, ma tentative de sommeil ne est pas très heureuse, un groupe électrogène dans les oreilles, le froid et l'humidité qui te fond grelotter, mais ces petites minutes ou j'ai pu fermer les yeux m'ont permis de repartir un peu plus frais.

Ma plus grosse frayeur fut samedi matin, au réveil vers les 4h30, je commence les calculs dans la tête, je ne pense pas être dans les temps pour atteindre Roche Plate. Je connais la difficulté de ce passage, une barrière horaire à 7h, il ne me reste plus que 30' de marge et je dois redescendre jusqu'à la rivière des galets et ensuite c'est 1700m de dénivelé du fond de Mafate jusqu'à la sortie du Maïdo, j'estime mon ascension beaucoup plus longue que le temps impartis. En échangeant avec quelques locaux, ils m'ont rassuré et le moral est revenu à la sortie du Maïdo. Cette sortie est un peu comme l'Alpes d'Huez du Tour de France, un public énorme, à ton passage les gens hurlent ton nom, c'est fabuleux.
A ce moment là, tout bascule, tu sais que tu vas finir !!! Je retrouve toute ma petite famille, en profite pour me changer en mode très léger, petit short et débardeur et je me met à cavaler dans cette pente. Je me sens bien, malgré les 115kms parcourus, je galope comme un fou jusqu'à l'école de Sans Souci. Là encore, je suis plus rapide que l'on assistance qui passe par la route. Mon père, quant à lui est déjà sur place, il a marché sur cette portion accompagné d'un voisin du tonton. Je lui dis de rester aux aguets et d'installer le bivouac dans un coin tranquille pour que je puisse me reposer avant la dernière nuit. Pendant, ce temps là, je prend le temps de me restaurer en compagnie de nos amoureux, je récupère mon sac d'allègement, prends une bonne douche froide et fait une sieste d'une heure.

Au moment de repartir, aux alentours de 17h30, mes parents avaient sympathisé avec une petite famille dont le papa courrait. Je discute 5' avec eux en leur exposant ma stratégie de fin de course. Il reste 40kms, pas question de franchir la ligne d'arrivée en pleine nuit, sans l'ambiance festive du stade de La Redoute.
Les derniers caps à franchir sont larges, ils me permettent de finir tranquillement et je pense être à Saint Denis vers midi. Mac, le papa coureur trouve cette idée assez sympa et on part tout les 2, comme de vieux potes.

À 2 le temps passe plus vite, on discute de tout et de rien, on râle sur cette fin de parcours inintéressante. On s'arrête pour dormir à la Possession, malheureusement plus de lit mais on nous prête une couverture de survie, une vraie galère, pas réussi à trouver le sommeil réparateur. On repart, première partie du chemin des anglais, un vrai calvaire, j'ai des ampoules qui commencent à se former à l'extérieur de chaque talon. Nouvel arrêt à Grande Chaloupe, j'ai froid je bois soupe sur soupe. Mac me donne 30' pour me remettre sur pieds, mais une petite voix nous dit, il y a des lits à côté dans le garage. Je regarde mon compagnon, je lui dis que c'est l'occasion rêvée d'arriver frais comme un gardon. On s'allonge 45', une bénévole nous sort des bras de Morphée, la remise en route est dure. J'ai du mal à marcher, Mac part devant, la fin du chemin des anglais est un supplice pour tout le monde, je double des gars qui n'ont plus toute leur tête. Je ne reconnais pas le tracé pour atteindre Colorado, dernier pointage avant l'arrivée, une montée à travers des buissons sous la pluie qui rend la terre rouge boueuse et glissante.
Il est presque 8h, j'envoie une alerte à Vanessa pour la prévenir que j'ai 2h d'avance sur le timing. Elle s'en doute car elle a reçu les SMS des points de passage, mais le reste de la troupe met du temps à émerger et ils vont devoir courir pour ne pas manquer la photo finish. Je passe le cap de la délivrance, plus qu'une descente et c'est la victoire. Mac est là, en train de sécher sous une tente, je lui dis de filer et qu'on se retrouve sur la pelouse du stade pour boire une Dodo.

J'entre dans le stade, le téléphone à la main pour savoir si tout le monde est là. Je me retourne et je vois ma petite maman accourir pour faire la photo, s'en suit ma Vané claudicante avec son pied blessé. Je m'arrête, les embrasses avec les larmes qui montent, les rassure, j'ai encore 15' devant moi pour franchir la ligne avant les 60h.

Le fait d'avoir cette assistance perso aux petits soins, avec tout le confort que ça apporte, m'a encouragé encore plus. Sans eux, je ne pense pas que je serai allé au bout, merci à eux, merci à tous...



Voilà, vous aussi, vous êtes arrivés au bout.
Thierry
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